Réglementation

Audit énergétique obligatoire : extension aux logements classés E en 2025

À partir du 1er septembre 2025, l'audit énergétique devient obligatoire pour la vente des logements classés E. Contenu, coût, exceptions : guide complet pour vendeurs et acquéreurs.

Équipe LocaCheck

L’extension de l’audit énergétique obligatoire aux logements classés E représente une nouvelle étape dans la politique de rénovation énergétique du parc immobilier français. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 1er septembre 2025, concernera près de 4,8 millions de logements supplémentaires, soit environ 15% du parc résidentiel national.

Contexte et objectifs de la mesure

Une montée en puissance progressive

Depuis avril 2023, les propriétaires de passoires thermiques (classes F et G) doivent déjà fournir un audit énergétique lors de la vente de leur bien. L’extension aux logements classés E s’inscrit dans une stratégie progressive visant à améliorer la performance énergétique globale du parc immobilier français. Cette approche graduée permet aux professionnels du diagnostic de monter en compétence et aux propriétaires de s’adapter progressivement aux nouvelles exigences.

Le calendrier prévoit une nouvelle extension aux logements classés D à partir de 2028, touchant alors près de 60% du parc immobilier. Cette progressivité répond à un double objectif : accélérer la transition énergétique tout en évitant un blocage du marché immobilier par des contraintes trop brutales. Les retours d’expérience des deux premières années d’application aux classes F et G ont permis d’ajuster le dispositif et d’anticiper les difficultés potentielles.

Enjeux environnementaux et économiques

Le secteur du bâtiment représente 44% de la consommation énergétique nationale et près de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Les logements classés E, bien que n’étant pas les plus énergivores, constituent une cible stratégique par leur nombre important et leur potentiel d’amélioration relativement accessible. Les études montrent qu’une rénovation bien conduite peut faire gagner deux classes énergétiques à ces logements pour un investissement moyen de 25 000 à 35 000 euros.

L’impact économique de cette mesure est multiple. Pour les vendeurs, l’obligation d’audit peut représenter un coût supplémentaire et potentiellement une décote du bien si des travaux importants sont nécessaires. Pour les acquéreurs, l’audit fournit une visibilité précieuse sur les investissements futurs et peut devenir un argument de négociation. Pour les professionnels du bâtiment, c’est l’assurance d’un marché dynamique de la rénovation pour les prochaines années.

Contenu détaillé de l’audit énergétique

Analyse technique approfondie

L’audit énergétique va bien au-delà du simple DPE. Il comprend une analyse détaillée de l’enveloppe du bâtiment : murs, toiture, planchers, menuiseries. Chaque élément est examiné pour identifier les déperditions thermiques et les ponts thermiques. Les systèmes de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire et de ventilation font l’objet d’une évaluation approfondie de leur performance et de leur adéquation aux besoins du logement.

L’auditeur utilise des outils de mesure sophistiqués : caméra thermique pour visualiser les défauts d’isolation, analyseur de combustion pour évaluer le rendement des chaudières, débitmètre pour mesurer les fuites d’air. Ces données techniques sont compilées dans un logiciel de simulation thermique dynamique qui modélise le comportement énergétique du bâtiment dans différentes conditions climatiques et d’usage.

Scénarios de travaux personnalisés

L’audit doit proposer au minimum deux scénarios de rénovation, avec une obligation de présenter au moins un parcours permettant d’atteindre le niveau BBC rénovation (classe A ou B). Le premier scénario privilégie généralement une approche par étapes, étalant les travaux sur plusieurs années pour lisser l’investissement. Cette approche convient aux propriétaires disposant d’un budget limité ou souhaitant programmer les interventions en fonction de la fin de vie naturelle des équipements.

Le second scénario propose une rénovation globale et performante, réalisée en une seule fois. Cette approche, plus coûteuse initialement, présente plusieurs avantages : cohérence technique optimale, minimisation des nuisances, accès à des aides financières bonifiées comme MaPrimeRénov’ parcours performant. Chaque scénario détaille les travaux à réaliser, leur coût estimatif, les économies d’énergie attendues et le nouveau classement énergétique après travaux.

Estimation financière et aides mobilisables

L’audit comprend une évaluation détaillée des coûts de rénovation, basée sur les prix moyens constatés dans la région. Cette estimation distingue les coûts de fourniture et de main-d’œuvre, permettant aux propriétaires bricoleurs d’évaluer les économies possibles en auto-rénovation. Les coûts sont présentés poste par poste : isolation des combles (12 à 25 €/m²), remplacement des menuiseries (400 à 800 €/m²), installation d’une pompe à chaleur (12 000 à 18 000 €).

Le volet financier détaille également l’ensemble des aides mobilisables : MaPrimeRénov’, certificats d’économie d’énergie (CEE), éco-prêt à taux zéro, aides locales. Pour chaque scénario, un plan de financement type est proposé, montrant le reste à charge après déduction des aides. L’audit précise les conditions d’éligibilité et les démarches à accomplir pour bénéficier de ces dispositifs de soutien.

Professionnels habilités et processus

Qualifications requises des auditeurs

Seuls les professionnels disposant de qualifications spécifiques peuvent réaliser ces audits énergétiques. Les bureaux d’études thermiques certifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) dans le domaine de l’audit énergétique constituent la majorité des intervenants. Les architectes inscrits à l’Ordre et ayant suivi une formation spécifique peuvent également réaliser ces audits, apportant une vision globale intégrant les aspects patrimoniaux et architecturaux.

Les diagnostiqueurs immobiliers certifiés pour le DPE peuvent obtenir une qualification complémentaire pour réaliser des audits énergétiques. Cette évolution de leur métier répond à la demande croissante et permet de s’appuyer sur leur connaissance du parc immobilier local. La formation complémentaire, d’une durée minimale de 35 heures, couvre les aspects techniques de la rénovation énergétique et l’utilisation des logiciels de simulation thermique.

Déroulement de l’audit sur site

La visite sur site dure généralement entre 2 et 4 heures selon la complexité du logement. L’auditeur commence par un relevé exhaustif des caractéristiques du bâti : surfaces, matériaux, épaisseurs d’isolant, type de menuiseries. Il examine les factures énergétiques des trois dernières années pour confronter les consommations théoriques aux consommations réelles. Cette analyse permet d’identifier d’éventuels comportements énergivores ou des dysfonctionnements d’équipements.

Des mesures instrumentales complètent l’inspection visuelle. La thermographie infrarouge révèle les défauts d’isolation invisibles à l’œil nu. Le test d’infiltrométrie, bien que non obligatoire, peut être proposé pour quantifier précisément les fuites d’air. L’auditeur photographie les points singuliers et les désordres constatés, ces visuels étant intégrés au rapport pour faciliter la compréhension des préconisations.

Exceptions et cas particuliers

Bâtiments exemptés

Certains types de bâtiments échappent à l’obligation d’audit énergétique. Les monuments historiques classés ou inscrits bénéficient d’une exemption totale, les contraintes patrimoniales primant sur les objectifs énergétiques. Les bâtiments situés dans les périmètres de protection peuvent obtenir une dérogation si l’architecte des Bâtiments de France estime que les travaux d’amélioration énergétique porteraient atteinte à leur caractère architectural.

Les constructions provisoires avec une durée d’utilisation prévue inférieure à deux ans, les bâtiments indépendants de moins de 50 m² et les bâtiments agricoles, artisanaux ou industriels dont l’énergie est principalement utilisée pour les process sont également exemptés. Les lieux de culte ne sont soumis à l’audit que pour leurs parties résidentielles éventuelles (presbytère, logement de fonction).

Validité et mise à jour

L’audit énergétique a une durée de validité de cinq ans, sous réserve que le logement n’ait pas subi de modifications substantielles. Sont considérées comme modifications substantielles : le changement du système de chauffage principal, la réalisation de travaux d’isolation sur plus de 25% des parois, la modification de plus de 30% des menuiseries extérieures. Dans ces cas, un nouvel audit doit être réalisé pour refléter la nouvelle performance énergétique.

La mise à jour simplifiée de l’audit est possible dans certains cas. Si des travaux partiels ont été réalisés suivant l’un des scénarios proposés, l’auditeur peut établir un avenant actualisant les performances et les préconisations restantes. Cette procédure allégée, moins coûteuse qu’un audit complet, encourage la réalisation progressive des travaux tout en maintenant la cohérence globale du projet de rénovation.

Impact sur les transactions immobilières

Négociation et valorisation des biens

L’audit énergétique devient un élément central de la négociation immobilière. Les acquéreurs disposent désormais d’une vision claire des investissements nécessaires pour améliorer le confort et réduire les charges énergétiques. Cette transparence peut paradoxalement valoriser certains biens : un logement classé E avec un potentiel d’amélioration facile et peu coûteux peut devenir plus attractif qu’un bien classé D difficilement améliorable.

Les agents immobiliers adaptent leurs pratiques commerciales. L’audit est présenté comme un outil de valorisation plutôt que comme une contrainte. Les biens ayant fait l’objet de travaux suivant les préconisations de l’audit voient leur valeur augmenter significativement, parfois au-delà du montant investi. Les mandats de vente intègrent désormais systématiquement une analyse du potentiel de valorisation énergétique.

Délais et organisation pratique

L’anticipation devient cruciale pour les vendeurs. Le délai moyen pour obtenir un audit énergétique est actuellement de 3 à 4 semaines, mais pourrait s’allonger avec l’afflux de demandes à partir de septembre 2025. Les propriétaires avisés programment l’audit dès la décision de vente prise, évitant ainsi tout retard dans la mise sur le marché. Le coût de l’audit, variant de 500 à 1 200 euros selon la taille et la complexité du logement, s’ajoute aux frais de transaction.

La coordination entre les différents diagnostics obligatoires s’améliore. De nombreux professionnels proposent des packs incluant DPE, audit énergétique et diagnostics techniques (amiante, plomb, électricité, gaz). Cette mutualisation permet de réduire les coûts et d’assurer la cohérence entre les différents documents. Les plateformes numériques facilitent la transmission des documents aux acquéreurs potentiels et aux notaires.

Perspectives d’évolution

Vers une obligation de travaux ?

Le débat sur une éventuelle obligation de rénovation énergétique avant la vente reste ouvert. Plusieurs pays européens ont franchi ce pas, imposant un niveau minimal de performance pour pouvoir vendre. En France, la réflexion porte sur un mécanisme plus incitatif : une partie du prix de vente pourrait être consignée pour garantir la réalisation des travaux par l’acquéreur dans un délai déterminé.

L’articulation avec la réglementation locative évolue également. L’interdiction progressive de louer les passoires thermiques crée une pression supplémentaire sur les propriétaires bailleurs. L’audit énergétique réalisé pour une vente pourrait devenir utilisable pour justifier de travaux permettant de maintenir le bien sur le marché locatif, créant ainsi une synergie entre les différentes réglementations.

Innovation technologique et simplification

L’intelligence artificielle et les outils numériques transforment progressivement la réalisation des audits. Les logiciels de modélisation deviennent plus précis et intuitifs, réduisant le temps nécessaire à l’analyse. La reconnaissance d’image permet d’identifier automatiquement certains matériaux et équipements. Les bases de données centralisées facilitent le suivi des travaux réalisés et l’évaluation de leur efficacité réelle.

La blockchain pourrait sécuriser et pérenniser les données des audits, créant un véritable carnet numérique du logement. Cette traçabilité faciliterait les transactions futures et permettrait un suivi précis de l’évolution de la performance énergétique du parc immobilier. Les propriétaires successifs disposeraient ainsi d’un historique complet des interventions et de leurs impacts, optimisant les décisions d’investissement futures.

Cette nouvelle étape dans la généralisation de l’audit énergétique marque un tournant pour le marché immobilier français. Si elle représente une contrainte supplémentaire à court terme, elle constitue surtout une opportunité d’accélérer la transition énergétique du parc résidentiel. Vendeurs, acquéreurs et professionnels de l’immobilier devront s’adapter à ce nouveau cadre qui fait de la performance énergétique un critère central de valorisation des biens immobiliers.

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